Dernier "tour" d'entretien pour mon premier "real job" : Inspection Générale.
Ce dernier et quatrième tour était en réalité une journée complète de tests et d'entretiens, au siège.
A l'issue de cette (interminable) journée, nous sommes soumis à un dernier entretien, qui synthétise l'ensemble des contraintes (psychotechniques, psychométriques, psychologiques) auxquelles nous avions été soumis.
Mon interlocutrice a la cinquantaine. Genre vieille peau. Très sèche, physiquement comme dans le ton. Mon CV en main, elle égrène ses questions.
ELLE : "Bonjour Mademoiselle.
Je vois que vous étiez au Lycée à Louis-le-Grand, mais en prépa-HEC à Carnot.
Vous avez été "jetée" de Louis-le-Grand car vous n'aviez pas un dossier assez solide pour y intégrer une classe prépa?"
[Pour une entrée en matière, elle vendait carrément du rêve !]
MOI - Pour tout vous dire, je n'avais pas de dossier du tout.
Je m'étais inscrite en faculté de médecine. Durant l'été, j'ai changé d'avis. Je m'estime plutôt heureuse d'avoir rapidement et sans dossier trouvé une place dans une (bonne) prépa!
[ndlr : les dossiers de mes camarades étaient bouclés depuis le mois de février...]
ELLE : Donc ensuite, vous intégrez l'ESCP, qui est certes une "Parisienne", mais seulement la 3ème (ndlr, derrière HEC et ESSEC). Comment avez-vous vécu cet échec?
MOI : "Vous voulez dire, comment ai-je vécu le fait d'intégrer la seule "Parisienne" qui me permette de mener en parallèle un cursus universitaire complet (ndlr : DEUG, Licence et Master 2 de Droit des Affaires), de rester vivre chez mes parents et de concilier le tout avec un travail étudiant rémunérateur (ndlr : avec mes cours particuliers, je gagnais jusqu'à 1000€ par mois)?
Plutôt bien, ma foi..."
Et elle continue de me faire parler de mes "échecs".
Jusqu'au moment où je n'y tiens plus.
"Excusez-moi Madame, pouvons-nous faire une pause, s'i-vous-plaît?
Depuis le début, vous n'évoquez que "mes échecs". Si c'est ce qui vous intéresse le plus, je vais vous simplifier la tâche : ma vie est jalonnée d'échecs. Par exemple, hier j'ai fait explosé un œuf dans le micro-ondes, ce matin, j'ai raté le RER à quelques secondes près. Des échecs, je ne vis que ça!
Mais d'une part, j'ai tendance à considérer que chaque "échec" est l'occasion de tirer des leçons (couvrir l’œuf avant de le mettre au micro-ondes, prendre de l'avance pour mon train...) et d'avancer pour atteindre mes objectifs, pour réaliser des projets qui me ressemblent.
D'autre part, je préfère voir le côté positif des choses.
Et ma vie est également remplie de choses très positives, dont j'ai très envie de vous parler."
La nénette a été très impressionnée par mon
Son regard sur moi a changé, est devenu bienveillant. Nous étions devenues copines.
A l'issue de l'entretien, j'ai lu dans ses yeux que j'avais gagné. Encore un succès...
Pourquoi je vous raconte cela?
Car j'aime être entourée de personnes bienveillantes et positives.
De personnes capables de se réjouir du bonheur d'autrui (y compris lorsqu'elles-mêmes traversent des moments difficiles).
De personnes sensibles et délicates, qui savent être critiques sans blesser.
De personnes franches, qui disent les choses et s'opposent... dans une perspective constructive!
Et j'espère ne pas rouvrir les blessures de mes proches.
Car je n'aime pas qu'on me le fasse.
"car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve".
(Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand)
"Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse. Ceci est la Loi."
(Rabbi Hillel, réponse donnée au Centurion romain venu le défier de l'instruire de TOUTE la Loi juive durant le laps de temps où il pourrait tenir sur "une seule jambe")
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